Pour rebondir sur ce que tu présentes ici : dans les religions, il y a une forte tendance à ne pas mettre en pleine lumière ce qui est bizarre, mais à être volontairement flou dessus. Par exemple, à le dire métaphoriquement ; et si jamais quelqu'un comprend la métaphore, on lui dit : "
ah oui mais non ça ne veut pas forcément dire ça hihihi". On bien à déguiser un élément contradictoire en métaphore : "
oui c'est pas logique mais euh c'est une métaphore, donc en fait peu importe, et tac !"
C'est un peu comme les midichloriens dans Star Wars. La force, tant qu'on ne dit pas d'où elle vient et comment elle fonctionne, c'est cool, on y croit, mais quand on peut faire une prise de sang pour dire que Yoda est plus pouissant que Obiwan, bah pfff, ça pose d'un coup plein de questions, et ça rend tout l'édifice bancal.
Dans Evangelion aussi, une partie du mystère et de la fascination vient du fait que tout le lore est super mal expliqué (les anges, le plan de complémentarité de l'homme, les manuscrits de la mer morte, Lilith, Adam...), alors que c'est tout con. C'est obfusqué ! Voilà, oui, c'est de l'obfuscation : du flou volontaire. Ça donne un côté mystérieux tout de suite. Ça donne l'impression qu'il y a des vérités difficiles à déchiffrer derrière le gloubiboulga. Mais la terrible vérité c'est que c'est juste du gloubiboulga obfusqué.
Sauf qu'utiliser l'obfuscation dans Evangelion, c'est une bonne chose, parce que c'est une sauce magique de crédulité dans le but de favoriser l'immersion du spectateur, qui après passera à autre chose. Alors que dans une religion, ça sert à manipuler les gens durablement, c'est malhonnête.
Il y a des choses similaires, par exemple avec la secte de l'anthroposophie : aux noobs on n'explique que les conséquences morales et comportementales, sans révéler le cœur de la religion, mais plus on rentre dans les cercles privilégiés, plus on a accès au lore délirant à base de hiérarchies d'anges et d'archanges monstrueux inventés par un ado chuunibyou.
Quand on écrit une fiction avec de la magie (livre, jeu vidéo...) ou en tout cas des règles de la physique différentes de celles de notre univers, il vaut mieux ne pas trop entrer dans le détail du fonctionnement, sinon on prend le risque que ça devienne ridicule. C'est l'effet midichlorien.
Sinon il y a la stratégie inverse, qui s'appelle l'abat-jour, qui consiste à insister grossièrement sur une absurdité pour la désamorcer... mais j'ai l'impression que c'est plus un effet comique, ou une brisure du 4e mur, donc pas compatible avec toutes les fictions. Perso j'aime pas trop, ça fait sortir le lecteur de l'immersion. Un exemple : dans le dessin animé Kuzco, les méchants arrivent à la fin à rattraper les héros, alors que pourtant ils sont tombés dans un précipice plus tôt ; on leur demande comment ils ont fait, ils répondent qu'ils ne savent pas et que d'après la carte c'est pas logique, mais tant pis. Et la discussion passe à un autre sujet.
Autre chose, quand on écrit une fiction fantastique mais cohérente, il faut tenir un carnet avec toutes les règles de cet univers explicitées, afin de ne pas créer d'incohérence lorsqu'on ajoute un nouvel élément à l'univers. Cet outil est même plus puissant que ça : des règles existantes, on peut déduire logiquement d'autres règles, et ça nourrit l'univers fictif.
Il y a un truc que je ne comprends pas trop : il y a un trotter qui est fou de rage et crie au mensonge de la presse dès qu'un journaliste contredit un autre journaliste sur le 3 chiffre après la virgule du taux de sangliers albinos au Yucatan, et puis il y a un trotter qui accorde du crédit aux religions. C'est pas le même, on est d'accord ? Il y en a deux ? N'est-ce pas ?
![Confus :wtf:](./images/smilies/coffe-wtf.gif)