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[sriden]

Il y a un américain bourré qui un jour a lu Karl Marx sans faire exprès, et voilà le résultat, c'est ce qu'il a compris de la lutte des classes.


Il y a quelques temps je suis tombé sur une pièce de théâtre sur youtube : Le Jour du Froment, une pièce de 2002 écrite par Alexandre Astier. Prise de son non-pro pour l'enregistrement de la pièce mais il y avait l'intégralité, alors j'ai regardé.
Ça se passe dans un commissariat après un attentat à la bombe et Astier joue un inspecteur traumatisé de sa dernière rupture (il fait une sorte de grève de la faim et on comprend son cheminement vers la fin, plutôt bien ficelé).



C'était pas mal frais et surtout, j'ai été agréablement surpris par les changements de ton le long de la pièce :

Spoiler

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... ça démarre en pièce semi-humoristique classique avec les tics d'humour qu'on connait déjà d'Astier en plus de certains acteurs qu'on reconnait plus ou moins aisément de Kaamelott, puis une deuxième partie littéralement sous coke qui part dans la plus pure folie, et ça se conclut sur une note super grave avec un monologue / anecdote métaphorique sur un sujet très glauque et déchirant.

Bref c'était bien, mais mettez le casque pour le son. Enfin, si vous le trouvez un jour, parce que la vidéo a été supprimée peu de temps après par un certain Jean-Christophe Hembert, le metteur en scène de la pièce et accessoirement acteur de Karadoc dans Kaamelott. On en a gros !

 

[Roi of the Suisse]

Que ce soit Khaamelott ou Que ma joie demeure, j'ai l'impression que ses histoires finissent souvent en grosse déprime du culz.

On attend son film, et s'il est pas super, on l'oublie à tout jamais, puisqu'on a des suspicions qu'il est de droite

[trotter]

Cool j'aime pas trop Astier mais c'est toujours sympa de voir les débuts.

Que ce soit Khaamelott ou Que ma joie demeure, j'ai l'impression que ses histoires finissent souvent en grosse déprime du culz.

J'ai souvent vu/eu ce phénomène, tu commences ton histoire en déconnant genre c'est Pling et Plong les 2 idiots qui font des idioties puis ça évolue en (au choix) :
-Plong qui n'existe que dans l'imagination de Plong ;
-Pling et Plong qui ont une histoire tragique ensemble (genre complices d'un meurtre) ;
-"faire des idioties" en fait cils sont dans une sorte de purgatoire et ils sont obligés de faire des idioties sinon ils seront punis.
-Etc.


Quand je faisais ça c'était pour donner de la profondeur à l'histoire. Donc dépression, déprime = profondeur.
Avec mes potes (et surtout copines) j'essayais de voir derrière leur apparence, dans leur fort intérieur, ce qu'ils ressentaient vraiment, et quand je voyais de la déprime/dépression voilà, je me disais que c'était leur vrai être, c'est ça leur profondeur.


Il m'a fallu du temps pour réaliser qu'en fait profondeur et déprime du cul ça a rien à voir
Ya des gens dans leur "profondeur" ils sont plein d'amour/d'espoir/de positivité/etc.

Et puis "profondeur" c'est trompeur, c'est pas des couches, yen a pas une de plus vraie que l'autre, ce sont des aspects de gens.

Bon peut être que je me goure encore.

[Roi of the Suisse]

Non non, j'ai l'impression que tu es sur la bonne voie. À moins que je ne me goure aussi

[sriden]

Pas que je veuille spécialement défendre bègue et oncles la pièce susmentionnée, mais ici c'est pas comme le poncif que vous décrivez, c'est plus abrupt, pas forcément dépressif.
Enfin c'est une réaction normale du cerveau d'associer / rattacher / rapprocher un élément donné aux clichés qu'on connait, mais euh non c'est pas du tout ce ton-là ici.

 

[Roi of the Suisse]

[mamie]

C'est intéressant ce que tu dis(ais) trotter, y a souvent ce côté déprimant = profond

Cela dit, on confond souvent "triste" et "déprimant"
(et pourtant, personne ne qualifierait Little Miss Sunshine de déprimant)

C'est peut-être lié au fait que la tristesse soit une émotion socialement honteuse en France hexagonale ;
Puisque la tristesse est si souvent cachée, le fait qu'elle transparaisse tout à coup est perçu comme profond car plus diversifié par rapport aux émotions habituelles ;
Alors que c'est plutôt un cocktail complexe de sentiments qui serait profond (donc forcément, si on en exclut la tristesse, le cocktail a beaucoup moins de saveurs possibles).

Lorsque tu parles des couches, je ne peux être que d'accord, je vois plutôt les gens comme ayant des ensembles de morceaux de personnalités escamotables ; donc forcément si on enlève tous les morceaux on se retrouve avec plus rien.
Si y en a qui ont lu La Horde du Contrevent, on peut considérer que si on retire tout, ou plutôt qu'on purifie tout (c'est un peu pareil) chez une personne, on a une boucle qui boucle au cœur des gens, qu'on peut assimiler à la puissance de vivre, au désir et en somme à tout ce qui nous retient de mourir sur place.
Pas très clair... En somme une sorte de raisonnement circulaire inbrisable qui oblige chaque personne à avoir une pulsion de vie (impliquant que la pulsion de mort n'est qu'un dérivé de cette pulsion de vie), et qui ne peut être stoppée que par certains moyens qui l'occultent et l'affaiblissent.

Toujours pas clair... Il faut le vivre pour comprendre, voilà

[sriden]

Pour la profondeur des couches il faut appeler Nemau, il doit en connaitre un rayon avec son boulot.

 

[trotter]

La tentation de Saint Antoine de Flaubert : Saint Antoine, un ermite chrétien, est tenté par le diable de renoncer à sa foi via des apparitions mythologiques grotesques et des arguments théologiques.

C'est un livre assez dingue avec plein de références à des personnages antiques et des arguments contre le catholicisme qui se tiennent.

C'est superbement écrit et les descriptions sont magnifiques et grandioses :

HILARION
Pourquoi fais-tu des exorcismes ?
La vallée devient une mer de lait, immobile et sans bornes.
Au milieu flotte un long berceau, composé par les enroulements d’un serpent dont toutes les têtes, s’inclinant à la fois, ombragent un dieu endormi sur son corps.
Il est jeune, imberbe, plus beau qu’une fille et couvert de voiles diaphanes. Les perles de sa tiare brillent doucement comme des lunes, un chapelet d’étoiles fait plusieurs tours sur sa poitrine ; – et une main sous la tête, l’autre bras étendu, il repose, d’un air songeur et enivré.
Une femme accroupie devant ses pieds attend qu’il se réveille.

HILARION
C’est la dualité primordiale des Brakhmanes, – l’Absolu ne s’exprimant par aucune forme.
Sur le nombril du Dieu une tige de lotus a poussé ; et, dans son calice, paraît un autre Dieu à trois visages.

ANTOINE
Tiens, quelle invention !

HILARION
Père, Fils et Saint-Esprit ne font de même qu’une seule personne !
Les trois têtes s’écartent, et trois grands Dieux paraissent.
Le premier, qui est rose, mord le bout de son orteil
Le second, qui est bleu, agite quatre bras.
Le troisième, qui est vert, porte un collier de crânes humains.

[Roi of the Suisse]

C'est joli mais un peu psychédélique